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Lentement mais sûrement : les défis de la parité entre les sexes

Martin Luther King Jr. avait déclaré (en anglais) que « le progrès humain n’est ni automatique ni inévitable; il procède des efforts inlassables… et sans ce travail acharné, le temps lui-même devient un allié des forces primitives de la stagnation sociale. » Parvenir à la parité entre les sexes n’est pas une mince affaire. Nous avançons lentement mais sûrement, en rencontrant de nombreux obstacles sur notre chemin. L’élan n’est pas garanti et la parité entre les sexes n’est pas acquise.

En 2023, le rapport du Forum économique mondial sur l’écart entre les femmes et les hommes (en anglais) indiquait qu’il faudrait encore 131 ans pour atteindre la parité entre les sexes. En 2024, ce nombre passera à 134 ans (en anglais). Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de progrès. Au total, 97 % des 146 puissances économiques incluses ont comblé plus de 60 % de leur écart, contre 85 % en 2006. Mais ce recul nous rappelle que le mouvement peut aller dans les deux sens.

Cette tendance ne se limite pas aux statistiques mondiales; des puissances économiques précises suscitent d’autres inquiétudes. Par exemple, aux États-Unis, l’année dernière (en anglais), l’écart salarial entre les hommes et les femmes s’est creusé pour la première fois en vingt ans. Alors que les revenus des hommes ont augmenté de 3 %, ceux des femmes n’ont progressé que de 1,5 %. Par ailleurs, un examen de la progression des femmes au sein des entreprises sur une période de dix ans (en anglais) montre que trop peu de femmes – et en particulier de femmes de couleur – accèdent à des postes de direction et que les progrès réalisés au plus haut niveau (haute direction) en matière de représentation seront pratiquement impossibles à reproduire dans les années à venir. 

Les avantages de l’égalité entre les sexes sont indéniables et leurs répercussions sont largement reconnues. D’un point de vue économique, l’atteinte de la parité entre les sexes pourrait ajouter environ 150 milliards de dollars au PIB canadien d’ici 2026, tandis que la Banque mondiale estime que la réduction de l’écart entre les sexes dans les domaines de l’emploi et de l’entrepreneuriat pourrait accroître le PIB mondial de plus de 20 % (en anglais). Dans l’éducation, l’égalité entre les sexes signifie que les filles qui reçoivent une éducation ont plus de chances d’être en meilleure santé et plus productives, de gagner des revenus plus élevés et de bâtir un meilleur avenir pour leur famille. Des études montrent également que la transformation des systèmes de santé en vue d’offrir un accès égal aux soins de santé pour tous les sexes permet d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé (en anglais). 

Comme l’affirme le Forum économique mondial, « la parité est à portée de main, mais elle nécessite un leadership décisif et des ressources spéciales » (en anglais). C’est ainsi que les organismes internationaux de normalisation ont tenté de faire avancer la cause.
Omniprésentes, les normes touchent tous les secteurs de la société: bâtiments, aliments, machines… Elles nous permettent de vivre notre quotidien en toute sécurité. Il est donc logique que les normes prennent en compte les besoins et les différences des personnes qui les utilisent, quel que soit leur sexe. Cependant, l’on sait définitivement que les femmes sont moins protégées par les normes que le sont les hommes. La recherche a montré que les normes étaient associées à une réduction des morts attribuables à des blessures accidentelles chez les hommes, mais pas chez les femmes.

En 2019, la CEE-ONU a lancé sa Déclaration sur les normes et l’élaboration des normes tenant compte des questions de genre (en anglais). La déclaration reconnaît que « les résultats pour les hommes et les femmes ne sont pas explicitement pris en compte dans le processus d’élaboration des normes ». Elle note également que les femmes sont sous-représentées dans le processus d’élaboration des normes, ce qui n’est pas sans conséquences. Les normes portent les empreintes des comités qui les élaborent. Selon les dernières recherches du Conseil canadien des normes (CCN) (en anglais), la diversité des sexes est positivement associée à l’amélioration des performances des comités techniques. La participation d’un plus grand nombre de femmes indique que la question du genre a plus de chances d’être prise en compte par le comité et que les normes serviront mieux l’ensemble de la population. Mais, et c’est là un point important, les comités comptant un plus grand nombre de femmes sont également plus performants dans l’ensemble. 

La Déclaration compte aujourd’hui plus de 85 signataires, dont le Canada par l’intermédiaire du CCN. En tant que signataire, nous nous sommes engagés à contribuer à l’élaboration de normes inclusives. En outre, le Canada a participé à l’élaboration de documents d’orientation décrivant la manière de créer des normes qui tiennent davantage compte de la dimension de genre, notamment le document du WP.6 de la Commission économique des Nations unies pour l’Europe sur les normes tenant compte des questions de genre (en anglais) ainsi que le document Normes tenant compte des questions de genre : Lignes directrices à l’intention des comités techniques ISO et IEC.

L’ajout le plus récent à ces orientations est le guide de la Commission électrotechnique internationale (IEC) à l’intention des comités nationaux : Améliorer la diversité des genres dans l’élaboration des normes (en anglais). Il vise à sensibiliser les comités nationaux aux avantages et à l’importance d’améliorer l’égalité des sexes dans les normes pour la gouvernance et l’élaboration des normes. Il fournit également des conseils pratiques sur les mesures que les comités nationaux peuvent prendre pour aider l’IEC à favoriser la féminisation.

C’est grâce à des efforts dévoués tels que ceux-ci et au respect de ces lignes directrices que la parité entre les sexes évoluera concrètement. Alors qu’il ne reste que cinq ans pour atteindre les Objectifs de développement durable fixés pour 2030, aucun indicateur de l’objectif 5 consacré à l’égalité entre les sexes n’a encore été pleinement atteint.  

La parité entre les sexes n’est pas seulement un objectif lointain; c’est une nécessité urgente qui nous incite à passer à l’action. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous reposer sur nos lauriers, car la parité entre les sexes n’est pas une fatalité. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour faire avancer les choses. Qu’il s’agisse de plaider pour des politiques équitables, de soutenir des organisations qui promeuvent l’égalité entre les sexes ou de travailler à l’élaboration de normes tenant compte des spécificités de chaque sexe, nos efforts comptent. Nous devons continuer sur notre lancée pour nous assurer d’arriver à destination.