Les normes, vecteur de résilience climatique au Canada
Un rapport du CCN montre le besoin urgent de mener des travaux normatifs pour protéger les infrastructures canadiennes
Au Canada, le climat se dérègle particulièrement vite. Nos infrastructures n’ont pas été pensées pour cette nouvelle réalité : les crues, les feux incontrôlés, la fonte du pergélisol, l’érosion côtière et d’autres sinistres causent des dégâts qui coûtent chaque année des milliards de dollars au pays. Si nous ne changeons pas nos façons de faire pour améliorer la résilience climatique des infrastructures canadiennes, la facture pourrait s’élever à 300 $G sur les dix prochaines années.
L’on estime que plus d’un tiers des infrastructures municipales doivent être réparées ou remplacées. D’où l’importance des normes : le Canada a besoin d’un encadrement normatif pensé non pas pour le climat du passé, mais pour celui de l’avenir. Qu’il agisse de nos voiries, de nos ponts ou de la fondation de nos maisons, notre parc d’infrastructures court un grand risque s’il n’est pas adapté.
Le Conseil canadien des normes (CCN) mène une action structurante autour de la question. Depuis 2016, son Programme de normes pour la résilience climatique des infrastructures impulse la rédaction de normes et de directives qui protègent les installations et les agglomérations canadiennes. De concert avec des acteurs du milieu normatif, le CCN a présenté plus de 40 stratégies normatives pour aider les propriétaires à se prémunir contre les risques (contreventer les toitures, limiter les risques d’inondation).
Mais le travail n’en est pas pour autant terminé. Entre février et août 2020, le CCN a sollicité des acteurs concernés partout au pays pour recenser les lacunes de l’adaptation climatique canadienne. Sa campagne Les normes à l’œuvre : pérenniser la résilience climatique a fait remonter les points de vue de centaines d’experts qui comptent sur les normes pour penser, construire et entretenir bâtiments et installations. Les informations, les éclairages et les recommandations des participants ont nourri et enrichi les réflexions sur le sujet.
La campagne a fait ressortir six grands constats :
- Le Canada a besoin de normes pour encadrer les risques, mais l’urgence de cette action varie par région et par secteur.
- La riposte canadienne aux changements climatiques se dessine et prend de l’élan, mais il manque toujours des normes et des outils.
- La mobilisation des forces vives de la normalisation nécessite une action tournée davantage vers la sensibilisation, l’accompagnement et le renforcement des capacités.
- La normalisation pourrait améliorer le rapport coût-efficacité des démarches autour de plus de 35 défis d’adaptation, de mitigation et de pérennisation.
- Plus d’une centaine de Normes nationales du Canada doivent urgemment être adaptées aux nouvelles réalités climatiques.
- Le système de normalisation du Canada est susceptible d’améliorations en ce qui concerne sa rapidité, ses ambitions et son écoute de perspectives diversifiées.
Ces constats sont synthétisés dans un rapport qui souligne l’importance des collaborations étroites nouées entre le CCN et des partenaires stratégiques, dont des organismes d’élaboration de normes (OEN). Y sont aussi présentés les risques de l’inertie en matière d’adaptation climatique. Par ailleurs, le rapport prépare le terrain en vue d’approfondir et d’élargir l’action du CCN. L’objectif est double : prémunir le parc d’infrastructures et les populations contre la crise climatique ainsi que mobiliser le système national de normalisation pour relever ces défis.
À l’ère de l’évolution précipitée du climat mondial, le climat du Canada subit une transformation deux fois plus rapide que la moyenne, affirme Chantal Guay, la directrice générale du CCN. La fréquence des feux de forêt, des canicules et des tempêtes augmente, ce qui touche le quotidien et la santé de la population canadienne et endommage bâtiments et infrastructures. En collaborant et nous organisant à l’avance, nous pouvons adapter et protéger les agglomérations et ainsi limiter les dégâts subis. Pour ce faire, les normes doivent être au cœur de notre action. Organisme national de normalisation du Canada, le CCN veut continuer à faciliter la rédaction de normes pensées pour la résilience climatique. Pour animer ces travaux, il misera sur sa grande force : rassembler les parties intéressées et les acteurs du réseau de normalisation pour résoudre des problèmes complexes et collaborer à des stratégies et à des solutions en faveur de la santé et de la sûreté de la population canadienne. »
Le Conseil canadien des normes
Société d’État fédérale établie en 1970, le Conseil canadien des normes (CCN) est le chef de file canadien de la normalisation et de l’accréditation nationales et internationales. Il collabore étroitement avec un vaste réseau de partenaires pour promouvoir l’élaboration de normes efficaces et efficientes qui favorisent la santé, la sécurité et le bien-être de la population canadienne, ainsi que la prospérité des entreprises canadiennes. Organisme d’accréditation principal du Canada, il renforce la confiance des marchés au pays et à l’étranger en veillant à ce que les organismes d’évaluation de la conformité respectent les normes nationales et internationales les plus rigoureuses. Membre de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et de la Commission électrotechnique internationale (IEC), il défend les intérêts du Canada à l’international et aiguille des milliers de personnes vers ressources et réseaux du monde entier. Par son action, il met à la portée de la population et des entreprises canadiennes un monde de possibilités.