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Des solutions circulaires pour un monde en évolution : Entretien avec Adrienne Yuen et Yuna Song

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Adrienne Yuen and Yuna Song smiling

La durabilité écologique et l’économie circulaire sont des domaines étroitement liés dont l’objectif principal est de veiller à la pérennisation des ressources et à la protection de la planète. Ils se complémentent pour trouver des moyens intelligents d’employer des ressources et de sauver la Terre… un peu comme ce que font Adrienne Yuen et Yuna Song dans leur travail. 

Adrienne et Yuna (en photo de gauche à droite) sont spécialistes sectorielles de l’équipe de changements climatiques et de durabilité du Conseil canadien des normes (CCN). Adrienne dirige les démarches du CCN pour impulser des stratégies de normalisation pour aider le Canada à s’attaquer aux déchets plastiques et à favoriser la circularisation de l’économie, en plus de promouvoir l’adoption de normes concernant les veilles météorologiques et la prévention des inondations. Yuna a soutenu les démarches du CCN sur l’économie circulaire et gère plusieurs dossiers liés aux conditions météorologiques extrêmes, notamment la chaleur urbaine. Le duo de jeunes professionnelles possède une connaissance approfondie des défis et des possibilités que promet la transition vers une économie circulaire. Un entretien sur leurs vécus et leurs acquis dans le domaine ont influencé leurs choix de vie, leurs valeurs et leur perspective de l’avenir.

Yuna : D’après votre expérience, comment la normalisation et l’économie circulaire sont elles liées?

Adrienne : Les normes et l’évaluation de la conformité sont l’huile qui lubrifie les rouages de notre monde moderne. Nous n’avons pas l’habitude de nous inquiéter lorsque nous entrons dans un bâtiment, allumons une lumière ou branchons un appareil, car nous savons que des normes, des certifications et des règlements garantissent que ces objets ont été fabriqués conformément à des exigences de sécurité et de rendement acceptables. 

En ce moment, le défi, c’est que notre système économique de production et de consommation sollicite les ressources de notre planète de manière exagérée. Si nous souhaitons survivre – voire prospérer – sur une planète vivable, nous devons transformer notre économie linéaire en une économie circulaire. Il s’agit d’une entreprise gigantesque. Nous avons besoin de nouvelles façons de penser. Nous avons besoin de nouvelles normes et de nouveaux systèmes d’évaluation de la conformité, par exemple des normes sur la considération de la fin du cycle de vie des produits dès la conception, sur la collecte à grande échelle et la remise à neuf de biens usagés et sur le contenu recyclé. Le comité technique ISO/TC 323 vient de publier les premières normes internationales sur l’économie circulaire, celles ci constituent un point de départ indispensable. 

Adrienne : Puisque l’on parle de la transformation des matériaux usagés, je sais que votre mémoire de maîtrise portait sur la mode durable. Dans une économie idéale, parfaitement circulaire, à quoi ressembleraient le secteur de la mode et nos façons de nous habiller?

Yuna : Si je pouvais utiliser une baguette magique, je changerais la façon dont les personnes qui ont la chance de vivre dans des sociétés d’abondance voient et traitent leurs vêtements. Certaines études estiment que, en moyenne, un vêtement n’est porté que sept fois avant d’être jeté (en anglais seulement). Je ne dis pas qu’il faut revenir à l’époque victorienne, mais si nous voulons vraiment révolutionner l’industrie de la mode, nous devons transformer la façon dont nous valorisons nos vêtements. Ils protègent notre corps et lui sont bénéfiques. Au lieu de les traiter comme des objets jetables, nous devrions nous engager à agir de manière responsable. 

Yuna : En général, j’espère que les gens deviennent de plus en plus conscients du rôle essentiel que jouent les normes dans la mise en œuvre de l’économie circulaire au Canada. Comment envisagez vous le rôle du CCN dans l’impulsion de l’économie circulaire? 

Adrienne : Ma vision à long terme pour le CCN est que nous pouvons être un acteur clé dans les espaces canadien et mondial de l’économie circulaire en aiguillant le secteur privé et les administrations vers les normes et les solutions d’évaluation de la conformité; en impulsant de nouveaux systèmes de normes et d’évaluation de la conformité; en travaillant en étroite collaboration avec les administrations, le secteur privé et d’autres parties concernées pour élaborer des stratégies, des plans et des voies d’accès; en reliant le Canada aux forums internationaux de normalisation et d’évaluation de la conformité; en débloquant des marchés internationaux pour les solutions circulaires canadiennes; en travaillant continuellement en faveur de l’harmonisation pour favoriser et multiplier les solutions circulaires. 

Adrienne : Je suis curieuse de savoir si, à titre personnel, le concept d’économie circulaire a modifié votre mode de vie et vos valeurs. 

Yuna : L’économie circulaire est bien plus qu’une théorie ou un concept social. C’est une manière de voir le monde, et maintenant que j’en ai pris connaissance, je ne peux pas désapprendre ce que je sais. Peut être parce que nous sommes tellement habitués à la commodité de nos modes de vie non circulaires que l’intégration de l’économie circulaire dans nos vies quotidiennes peut sembler radicale et innaturelle. Mais j’en suis venue à penser que c’est en fait notre mode de vie actuel qui est innaturel. La circularité et les systèmes en boucle fermée se retrouvent dans les systèmes que nous observons dans la nature. Loin de moi l’idée d’abandonner mon téléphone ou de vivre dans les bois, mais le fait d’avoir pris connaissance de l’existence de l’économie circulaire m’a poussé à adopter des habitudes et des choix de vie plus durables en ce qui concerne ce à quoi je consacre mon temps, mon argent et mon énergie. 

Adrienne : Je rejoins votre point de vue. Aujourd’hui, nous savons à quel point les effets cumulés de la pensée « prendre fabriquer jeter » sont destructeurs. J’aime à penser qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Par exemple, la logique sous jacente d’un aspirateur garanti trois ans, avec peu d’options simples d’assemblage ou de réparation en fin de cycle de vie, est qu’il est acceptable de le jeter à la décharge, ainsi que toutes les ressources nécessaires à sa fabrication, son emballage et son expédition, après seulement quelques années d’utilisation. 

Tout ce que nous utilisons par défaut a été conçu par quelqu’un à un moment donné. Nous avons hérité de normes pensées pour favoriser la santé, la sécurité, la compatibilité et la commodité. Nous en avons bénéficié. C’est maintenant à notre tour de faire de même pour nos enfants, nos petits enfants et les générations futures. 

Adrienne est membre du comité parallèle canadien TC 323 Économie circulaire de l’ISO. Visiter la page du comité pour se renseigner ou pour participer. Et découvrez les nouvelles normes internationales en matière d’économie circulaire! 

  • ISO 59004 Économie circulaire – Vocabulaire, principes et recommandations pour la mise en œuvre 
  • ISO 59010 Économie circulaire – Recommandations relatives à la transition des modèles d’affaires et des réseaux de valeur
  • ISO 59020 Économie circulaire – Mesure et évaluation de la performance de circularité