Image
Toronto city skyline

Journée mondiale des villes 2022 – Protéger les centres urbains contre les épisodes météorologiques extrêmes

En mai dernier, de puissantes rafales ont sévi en Ontario et au Québec, frappant ou frôlant trois grandes villes : Toronto, Montréal et Ottawa. Et il y a quelques semaines à peine, l’ouragan Fiona faisait des ravages en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve. Les vents violents ont toujours représenté un danger pour la population et le parc d’infrastructures, mais les risques connaissent à présent une hausse vertigineuse.  

Plus de 50 % de la population mondiale est actuellement urbanisée, chiffre qui, selon les projections, s’élèvera à 70 % d’ici 2050. Le Canada est à la pointe de cette tendance : en 2021, presque trois quarts (74 %) de sa population étaient concentrés dans de grands centres urbains. Cette densité démographique multiplie les risques que posent les épisodes météorologiques extrêmes. 

« Les vents violents entraînent de grands dommages au Canada, affirme Dan Sandink de l’Institut de prévention de sinistres catastrophiques. Dans les 10 dernières années, plus de 85 % des sinistres recensés par les sociétés d’assurance canadiennes étaient entièrement ou partiellement attribués aux vents violents. Force est de constater que les effets des épisodes météorologiques extrêmes s’intensifient rapidement. Il nous faut des solutions structurantes : l’heure tourne. »

Parmi les solutions disponibles, la normalisation est l’une des plus puissantes, car elle encadre tous les aspects de l’environnement bâti. Les normes servent à améliorer les démarches du domaine, du développement de produits à l’installation. Des centaines de normes sont référencées dans le Code national du bâtiment, qui propose des orientations techniques sur l’aménagement, la construction, la rénovation et la démolition. Le Code a pour vocation de protéger le public en favorisant la qualité et l’efficacité du parc immobilier.

« Les normes jouent un rôle névralgique dans l’impulsion de la résilience du parc immobilier, » explique Chantal Guay, directrice générale du Conseil canadien des normes (CCN). Elles sont rédigées par des sommités du domaine et des parties intéressées qui se concertent pour établir les meilleures orientations possibles. Par les courts délais de ses travaux et ses démarches rassembleuses, la normalisation est plus souple que les codes et la réglementation. Il s’agit donc d’un excellent complément aux méthodes d’ingénierie et de construction qui favorise l’efficacité et la sûreté des produits. »

Le secteur des assurances du Canada constate que les sinistres touchent surtout les structures résidentielles mal pensées ou mal adaptées. Les dommages entraînés par les vents violents et les tornades engendrent des risques potentiellement mortels (débris volants, effondrements). Or, les normes font valoir la multitude de techniques d’ingénierie pouvant limiter le risque de dommages : mentionnons à titre d’exemple la récente publication CSA S520:22 Conception et construction de bâtiments résidentiels de faible hauteur et de petits bâtiments pour résister aux vents forts.

Financée par le Programme de normes pour des infrastructures résilientes du CCN, la norme CSA S520 propose des mesures communément admises, peu coûteuses et relativement simples encadrant la construction et les rénovations importantes de maisons unifamiliales.  Éclairées par les expériences et les constats du milieu de la recherche, du domaine de l’ingénierie et du bâtiment, ainsi que du secteur des assurances, ces mesures favorisant sûreté et durabilité peuvent se décliner dans différentes régions du Canada. 

« Si j’affirmais qu’il est possible de construire une maison à charpente de bois capable de résister à une tornade, les gens demeureraient sceptiques, explique Robert J. Jonkman, vice-président du Conseil canadien du bois et membre du comité normatif responsable de la norme. La CSA S520 explique comment construire une telle maison et met en valeur les points de raccord importants entre la fondation et la toiture. Si vous vous intéressez à la résilience des foyers, si vous travaillez dans le bâtiment, si vous fabriquez des matériaux de construction, si vous êtes responsable de code ou propriétaire, c’est une lecture fort pertinente. »

Le recours aux normes comme la CSA S520 pour dynamiser la résilience du parc immobilier s’aligne sur le onzième objectif de développement durable de l’ONU (sûreté, résilience et durabilité des villes et des localités) et le thème de la Journée mondiale des villes : Agir localement pour devenir global). Ce thème rassembleur réunit une grande pluralité de parties pour mettre en commun leurs expériences et leurs démarches de proximité en vue d’encourager les pouvoirs publics à miser sur les villes vertes, équitables et durables. À l’échelle mondiale, la série de normes ISO 37120 encadrant les données municipales permet de mesurer les progrès. Impulsée par le Canada, la série comporte la norme ISO 37123 Indicateurs de performance pour les villes résilientes et propose des méthodes de collecte de données pertinentes et facilement comparables.

Les concertations des administrations publiques pour moderniser les codes encadrant la sûreté du parc immobilier canadien représentent une excellente occasion de faire valoir des démarches qui nous prémunissent contre les vents violents et les épisodes météorologiques extrêmes. Les normes, leviers déjà à notre disposition, nous rapprochent d’un avenir résilient.