Des outils d’adaptation climatique pour éclairer les travaux normatifs
Et si nous pouvions construire des infrastructures – nos lieux de vie et de travail – qui résistent aux effets des changements climatiques? Une telle démarche aboutirait à une réduction des blessures et des fatalités, ainsi qu’à des économies s’élevant à des milliards de dollars.
Au Canada, les pertes assurées découlant de sinistres consignées entre 2010 et 2019 se chiffrent à 18 G$. Si aucune mesure n’est prise, les coûts des dommages causés rien que par les crues atteindraient les 13,6 G$ d’ici la fin du siècle. Un lourd bilan qui grugerait aussi notre capital mental, car les personnes touchées peuvent porter pendant des années les séquelles psychologiques des sinistres.
« Pour contrer les changements climatiques, il faut avoir une bonne idée des conditions actuelles et disposer de données pour faire des travaux de prospective, explique Kala Pendakur, gestionnaire intérimaire, Infrastructures et changements climatiques du Conseil canadien des normes (CCN). C’est pour cette raison que le CCN facilite des travaux normatifs en vue de favoriser la qualité et l’accessibilité des données météorologiques et climatiques. »
Les conditions climatiques qui servaient de référence aux constructeurs ne sont plus d’actualité. Dans 10 ou 30 ou 50 ans, le parc d’infrastructures devra composer avec des vents encore plus puissants, des écarts de température toujours plus prononcés, ainsi que l’augmentation des inondations et des charges de neige. Résultat : le raccourcissement du cycle de vie utile et une probabilité accrue des défaillances majeures.
« Nous reconnaissons non seulement la nécessité de produire des données météorologiques d’excellente qualité, mais aussi de montrer aux rédactrices et aux rédacteurs de normes comment miser sur ces données pour bonifier le corpus normatif, affirme Mme Pendakur. Voilà l’importance des outils de normalisation. »
Avec le soutien du CCN, le Groupe CSA a publié la quatrième norme d’une série de référentiels ayant pour vocation l’amélioration de la qualité et de la quantité des données météorologiques disponibles. Environnement et changements climatiques Canada, la source principale d’informations climatiques et météorologiques au pays, réunit des données grâce à un vaste réseau de stations météorologiques automatisées au sol et de stations climatologiques de référence. S’il demeure des lacunes, des centaines de stations supplémentaires peuvent servir à combler ce vide. Ces sources de données sont importantes, particulièrement dans les régions excentrées, mais leurs informations ne sont pas toujours publiables à cause d’incohérences ou d’incompatibilités entre les réseaux.
La série de normes du Groupe CSA propose des solutions pour bien encadrer le choix d’emplacement, des opérations et de l’administration des stations hydrométéorologiques du Canada. Elle permet aussi aux utilisatrices et utilisateurs finaux d’évaluer la qualité des données et leur adéquation avec différentes activités. Comme les autres référentiels, la norme CSA R103 propose des méthodes pour éclairer les démarches des personnes chargées de la planification, de la conception, des travaux de génie, de l’entretien et de la gestion des acquis grâce à des données robustes provenant de toute station ou de tout réseau adhérant aux exigences et aux recommandations stipulées.
Les auteures et auteurs des normes doivent connaître les risques et les mesures d’adaptation climatique qui s’appliquent à leur domaine. Pour les aider à bien interpréter les données climatiques et les intégrer aux normes canadiennes, le CCN vient de publier un nouveau guide intitulé Utilisation des informations relatives aux changements climatiques dans l’élaboration de normes. Le document présente des méthodes pour communiquer les données climatiques aux expertes et experts et indique les correspondances entre les démarches proposées dans le Guide pour l’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans les normes canadiennes et la rédaction de Normes nationales du Canada.
« Le bien-être de la population canadienne passe par la conception et l’entretien d’un parc d’infrastructures national adapté, explique Mme Pendakur. Nous sommes certains que ces outils serviront non seulement à enrichir les normes touchant les effets des changements climatiques, mais aussi à renforcer, dans l’avenir, l’environnement bâti du pays. »