Image
Tree in lightbulb on grass

Stimuler l’innovation grâce à la normalisation

Doc Brown ravitaille la DeLorean avec des déchets pour effectuer un « Retour vers le futur » - c’est ce que peut laisser penser le système MAGSTM de Terragon. En effet, Terragon Technologies de L’environnement, une entreprise montréalaise de technologies propres, a mis au point le Système de Micro Auto Gazéification (MAGS), qui génère de l’énergie alimentée par des déchets comme le plastique, le papier, les aliments, les huiles usées et le bois. Les déchets sont ensuite convertis en résidus de carbone pour produire des émissions propres. 

L’énergie thermique produite peut être utilisée pour chauffer l’eau ou pour chauffer, ventiler et climatiser. Bien que le MAGS soit actuellement utilisé sur les navires de croisière, dans les centres de villégiature outre-mer et par les forces militaires, l’objectif de Terragon est d’étendre son marché aux entreprises et aux ménages du Canada. Avec une technologie aussi intéressante, qu’est-ce qui pourrait l’en empêcher?

Pour entrer sur le marché canadien, Terragon devait obtenir une certification pour démontrer aux organismes de réglementation que le MAGS est un appareil énergétique sécuritaire.

« Nous avons innové », affirme Karolina Apland, M. Env., responsable de l’évaluation environnementale et de la planification. « Il n’y avait rien sur le marché comme MAGS, et comme nous traitons thermiquement les déchets, la chose la plus semblable avec laquelle les organismes de réglementation pouvaient nous comparer était un incinérateur. »

le système MAGSTM de TerragonMais les incinérateurs brûlent des déchets, généralement pas propres, et ne créent aucune énergie utilisable. Les émissions du système MAGS étaient plus proches de celles d’un chauffe-eau que d’un incinérateur, mais elles n’ont pas été classées dans cette catégorie. Ce faisant, le coût des permis pour le MAGS devenait plus élevé que le coût réel de l’appareil, ce qui signifiait des coûts inconcevables pour le client.

Il n’existe aucun appareil comme le MAGS, aucune certification actuelle pour un tel appareil et aucune norme selon laquelle se référer pour la certification — c’est l’obstacle auquel Terragon s’est heurtée, et c’est pourquoi elle s’est adressée au Conseil canadien des normes (CCN). 

« Nous étions frustrés et épuisés », ajoute Mme Apland. « Nous avions parlé aux organismes de réglementation, examiné la certification et essayé de trouver une norme qui fonctionnerait pour nous. Il n’y avait rien qui convenait et nous ne savions pas ce que nous pouvions faire d’autre pour accéder au marché de notre propre pays. Nous avions besoin de l’aide de quelqu’un dans le monde de la normalisation. »

L’Initiative d’innovation du CCN a été créée en 2017 pour aider les innovatrices et innovateurs du Canada à surmonter les obstacles les empêchant de commercialiser leurs produits et d’accroître leurs activités, et pour leur offrir tous les avantages du système de normalisation. Terragon a été l’une des premières entreprises à participer au programme. Le CCN a déterminé que la façon la plus simple et la plus rapide de supprimer l’entrave était de faciliter l’élaboration d’un document de normes temporaires appelé Autre document reconnu, ou ADR. La certification en vertu de ce dernier permettrait à l’entreprise de démontrer l’innocuité et la pertinence du produit en tant que technologie propre.

« Nous avions examiné toutes nos options, et la création d’une nouvelle norme sous la forme d’un ADR était la seule solution », confie Mme Apland. « Nous devions montrer aux organismes de réglementation que cette technologie novatrice appartenait à une catégorie à part et qu’elle méritait d’être mise sur le marché. En plus d’être sécuritaire, le système contribue à réduire l’empreinte de gaz à effet de serre. »

En collaboration avec UL et avec le soutien du CCN, Terragon a pu développer l’ADR et obtenir la certification pour le système MAGS. Les ADR sont valides jusqu’à cinq ans, et l’intention est de publier une norme pour remplacer le document à ce moment-là. 

« Nous travaillons avec UL pour trouver la meilleure voie à suivre pour la certification continue avec l’élaboration ou l’inclusion d’une norme », affirme Mme Apland. « Nous avons beaucoup appris pendant notre parcours. Il n’est pas facile pour les innovatrices et innovateurs de naviguer dans le système, et il était essentiel d’avoir une équipe au CCN pour nous appuyer tout au long du processus. »